Question d’Anastasia SIDIROPOULOU, Professeur de français, Membre du Comité « français » de la Fédération PALSO :
« En classe, le professeur doit-il consacrer beaucoup de temps à l’amélioration de la prononciation française des élèves ? Doit-il être très exigeant ? »
Merci de cette question cruciale à la réponse de laquelle l’ethnographie de la communication et la neurolinguistique peuvent contribuer.
Nous devrions chercher à atteindre le même degré d’exigence que les futurs interlocuteurs de nos apprenants. Il est probable qu’une prononciation qui permet la seule compréhension des mots ne suffirait pas si nos apprenants devaient un jour persuader, séduire ou convaincre un interlocuteur dans le cadre d’une collaboration professionnelle transnationale. Par contre une prononciation qui se limite à une distinction franche entre les phonèmes de la langue suffira si les actes à développer sont plus simplement du type « demander son chemin » ou « raconter ce qu’on a fait la veille ».
La question du temps porte plus sur le moment que sur la durée : des expériences effectuées sur les enfants, sur les nourrissons et même sur les fœtus ont montré que les possibilités de discrimination et de catégorisation phonologiques et phonétiques diminuent avec l’âge. Ainsi, pour prendre un exemple extrême, les jeunes Japonais sont-ils capables de distinguer le L du R dans les premières semaines après la naissance ; plus tard, ils ne seront plus capables de faire cette distinction inexistante dans leur langue. Il semble donc logique de se concentrer le plus tôt possible sur la perfection des compétences de discrimination phonétique et sur la bonne prononciation des productions des élèves.
Paru dans la revue mensuelle de la Panhellenic Federation of Language School Owners (PALSO) en février 2001.