Bonjour. La question du choix des manuels à utiliser en classe pour la préparation des apprenants au certificat du niveau A2 délivré par le PALSO ou à d’autres certifications continue d’être posée sur nos forums et dans les emails.
Si les classes d’un centre de langues sont constituées en fonction des certifications à la délivrance desquelles elles conduisent, la réussite à des épreuves d’examen bien précises devrait figurer dans les objectifs qui président à la planification des cours.
Qu’on le veuille ou non, la première motivation des élèves sera de toute façon très
probablement la réussite à ces épreuves et il n’est donc pas stupide de mettre dès que possible nos apprenants au contact d’anciens matériels d’examen.
Ces matériels peuvent être trouvés partout sur la Toile, et gratuitement. En effet, le PALSO n’a jamais vendu les « annales » de ses examens, et c’est tout à l’honneur de la Fédération.
Comment utiliser ces anciens examens ?
Plusieurs cas de figure sont imaginables. Si votre classe semble plus ou moins homogène au plan des compétences de communication, le système le plus efficace peut être de distribuer au début de la « séance d’apprentissage » (c’est quand-même mieux que « séance d’enseignement », non ?) une reproduction d’une ou deux pages d’une ancienne épreuve d’examen et de demander aux apprenants d’effectuer les consignes. Ce travail pourrait se faire en groupe.
S’il s’agit d’épreuves de compréhension ou de mise en œuvre du système de la langue, s’il s’agit donc de questionnaires à choix multiples ou de questions conduisant à la production de réponses très courtes, les membres de chaque groupe seront invités, non seulement à cocher les cases qui correspondent aux réponses qu’ils ont choisies ou à inscrire quelque réponse, mais surtout à justifier du mieux qu’ils peuvent chacune de ces réponses. C’est par ce travail systématique de justification, réalisé en groupe, que se réalisera l’apprentissage.
Lorsque les groupes se déclareront prêts à répondre, l’enseignant pourra ensuite demander à un représentant de chaque groupe d’annoncer et de justifier les réponses de son groupe. Un nouvel apprentissage, plus critique, plus profond, sera ainsi effectué au cours de cette phase qui sera, comme on le voit, beaucoup plus qu’une simple phase d’évaluation des réponses. Des questions jailliront, l’enseignant n’apportera jamais de réponses toutes faites mais seulement les moyens et les stratégies qui pourront permettre aux apprenants d’en trouver les réponses : le recours au dictionnaire, la recherche d’un modèle sur la Toile, la discussion au sein du groupe, la consultation d’une grammaire. Les élèves apprendront ainsi à apprendre, ils deviendront plus autonome dans leur apprentissage.
Si jamais vous percevez une grande hétérogénéité dans la conscience qu’ont vos apprenants du système de langue (activités qui consistent le plus souvent à compléter des lacunes ménagées dans un texte), vous pouvez utiliser la stratégie suivante : la plupart du temps, la classe peut être divisée en deux groupes, ceux qui connaissent deux ou trois règles de grammaire, ceux qui n’en connaissent pratiquement aucune. Le coup de baguette magique consiste à former des groupes systématiquement constitués d’un apprenant « qui sait » et d’un apprenant « qui sait moins ». Je ne sais pas pourquoi, mais chaque fois que j’ai proposé cette nouvelle géographie dans mes classes, chaque fille se retrouvait affublée d’un garçon. Et le grand jeu commence : les filles… pardon… les « élèves qui savent deux ou trois trucs » sont nommés professeurs et sont chargés d’instruire chacun leur, disons, « compagnon ». À l’issue de la leçon, les « compagnons » devront être capables de répondre seuls au questionnaire à choix multiples assigné et surtout de justifier leurs réponses. Sinon, on gronde gentiment leur professeur du jour.
Ça marchera !
Les professeurs en herbe mettront un point d’honneur à former leur protégé, les protégés seront tout contents de se voir dispenser chacun un cours particulier des plus attentionnés. D’une part, les « professeurs » approfondissent, renforcent, organisent, « didactisent », « conscientisent » leurs connaissances et leurs compétences de communication ; de l’autre, les élèves moins savants apprennent à leur rythme, selon leurs besoins propres, sans la présence directe et parfois oppressante du grand professeur, nous parlons cette fois de celui qui est désigné comme tel par l’institution.
Pour ce qui concerne les épreuves de production écrite ou d’interaction orale, la technique est la même. On demande aux apprenants d’effectuer les consignes mais en leur fournissant les modèles et les ressources nécessaires. N’oublions pas que ces activités initialement préparées à des fins d’évaluation doivent nécessairement être transformées en activités d’apprentissage.
Vous vous sentez moins sûrs de vous pour l’oral ? C’est normal. Vous ne pouvez en effet pas prendre la place de l’examinateur et jouer le rôle que lui attribue la consigne puisque vos élèves sont probablement nombreux.
On pourra faire des concessions, s’abaisser à organiser des jeux de rôles au sein de chaque groupe d’apprenants. Certains d’entre eux seront amenés à jouer des rôles quelque peu inattendus, mais la dimension ludique de l’activité fera digérer son éventuelle invraisemblance.
On peut aussi adapter intelligemment les consignes et remplacer le « touriste belge et quinquagénaire » (tous les défauts, hi hi hi !) que devait jouer l’examinateur par une « jolie teenager canadienne en vacances en Grèce », dont le rôle sera certainement plus facile et plus agréable à interpréter. La motivation ira grandissant ! Chaque groupe prépare donc sa petite séquence, toute la classe évalue et corrige ensuite les productions.
Pour finir, rien n’empêche bien entendu de compléter ces séquences d’apprentissage par l’exploitation, motivée cette fois, de quelque manuel de FLE dans lequel les apprenants « entreront » avec d’autant plus « d’appétit » qu’ils auront pris conscience de leurs besoins et de leurs lacunes.
Ces considérations ne valent que pour les classes dont les élèves désirent présenter des examens, qui plus est, des examens conçus dans une perspective actionnelle de l’usage de la langue.