Voici la présentation critique [2] d’un instrument d’évaluation mis en œuvre en Grèce pour l’octroi d’une certification en langue française, en l’occurrence des examens de français du PALSO. Ces examens sont devenus aujourd’hui « Examens PALSO-LAAS, niveau A2 ».
Les 12 sections que vous parcourez sont tirées d’un mémoire de DEA en Sciences du langage, déposé à l’Université de Mons-Hainaut en 1998 ; la plus Grande Distinction lui a été attribuée.
La lecture de ces textes (dans l’ordre suggéré) peut aider l’enseignant des langues à comprendre concrètement comment peut être conçue puis mise en œuvre une évaluation certificative des compétences de communication en langue étrangère, même imparfaite encore.
1.1 Justification de l’étude
C’est surtout aux progrès de la sociolinguistique enregistrés au cours des deux dernières décennies que la didactique des langues étrangères doit l’élargissement du cadre étroit dans lequel s’inscrivaient les méthodologies d’enseignement/apprentissage plus anciennes. Ce renouveau s’est notamment traduit par une expression systématique des contenus en termes d’objectifs à atteindre, par un élargissement de la nature de ces objectifs à la compétence de communication, et par une restructuration de la matière proprement linguistique autour de ces nouveaux objectifs.
Sur le terrain, l’approche communicative a imposé une redéfinition des rôles de l’apprenant et de l’enseignant dans le processus d’acquisition des compétences, une rénovation des supports de l’apprentissage et l’organisation d’activités socialement motivées. Si ces nouvelles nature et distribution des objectifs d’apprentissage sont maintenant de plus en plus clairement reconnues et appliquées par les enseignants des langues, elles ne transparaissent pas encore dans la façon avec laquelle les épreuves des examens de langue les plus répandus sont conçues. Les objectifs d’une évaluation sommative et/ou certificative ne devraient-ils pourtant pas correspondre exactement à ceux de l’apprentissage dont cette évaluation est l’aboutissement ?
En Grèce par exemple, les enseignants qui pratiquent une didactique des langues en relation avec les récents apports de l’ethnographie de la communication constatent avec dépit que les compétences de communication développées chez les élèves sont peu ou mal évaluées par les examens organisés en vue de l’obtention des certifications de langue traditionnellement convoitées . Depuis quelques années cependant, ces dernières sont entrées en concurrence avec des certifications de compétence de communication en langue anglaise, française, allemande ou italienne délivrées par la PAnhellenic federation of Language School Owners (PALSO), qui devraient mieux résister à la critique scientifique mais dont les pouvoirs publics nationaux ne reconnaissent pas encore unanimement la valeur.
Dans le but de mieux convaincre les éventuels détracteurs - enseignants, maisons d’édition ou ministres - de ces diplômes, la Fédération a chargé les universités d’une étude comparative de toutes les certifications de langue existant sur le marché national. C’est à cette étude d’envergure que la présentation des examens PALSO de français qui va suivre entend s’intégrer.
1.2 Objet de l’étude
L’objet précis de cette étude sera donc la présentation critique et non contrastive d’un instrument d’évaluation utilisé en Grèce pour la délivrance à l’échelle nationale de certifications de bonne connaissance de la langue française. Cet instrument a été créé en 1984 par le prof. Vasso TOCATLIDOU pour le compte de la PAnhellenic federation of Language School Owners (PALSO). Depuis mai 1987, nous participons à la conception et à l’amélioration de cet outil en exploitant notamment les informations fournies annuellement par la correction des épreuves et par l’analyse des résultats. Présentation sera donc également faite de cette autocritique itérative qui fait partie de l’instrument lui-même puisqu’elle en améliore, d’une session à l’autre, le degré de pertinence et de fiabilité par de constants va-et-vient entre les résultats et les tests qui les engendrent.
Le modèle théorique sur lequel repose l’évaluation PALSO est l’aboutissement d’une approche rigoureusement ethnographique de la communication. La validité spéculative de ce modèle ne sera pas discutée dans ces pages mais la validation de sa structure et de sa cohérence sera par contre recherchée dans l’analyse des résultats aux examens.
Plus qu’à la présentation générale de notre outil que réalisent de toute façon fort bien les documentations en annexe, c’est donc à une critique à la fois sociolinguistique et docimologique de l’instrument que s’attacheront surtout les pages qui suivent.
1.3 Plan
Quelques précisions théoriques liminaires sur la nature de la compétence langagière à évaluer et sur la mesure de cette compétence précéderont l’étude proprement dite.
La présentation et la critique de l’outil qui suivront s’appuieront sur la description des procédures d’évaluation certificative mises en oeuvre dans les 3 épreuves (niveau élémentaire) et les 4 épreuves (niveau certificat) qui constituaient l’examen annuel de langue française organisé à l’échelle nationale par le PALSO en mai 1998. Cette description sera organisée de façon à ce que puissent être rassemblées et présentées de façon ordonnée les questions qui concernent
– les objectifs de l’évaluation,
– la mise en oeuvre de l’évaluation et enfin,
– l’analyse des résultats de l’évaluation.
Les questions rangées sous les deux premiers titres seront abordées dans une perspective sociolinguistique ; les résultats de l’évaluation seront par contre l’objet d’une analyse docimonomique.
C’est dans ce même ordre que seront ensuite tirées les conclusions destinées à améliorer l’outil d’une part, et qui permettront, je l’espère, au lecteur de statuer sur le degré de pertinence et de fiabilité déjà atteint par l’instrument, de l’autre.
Suite, https://gallika.net/?article19
Lien vers les annales de ces examens, devenus « Examens PALSO-LAAS » : https://palso.gr/exams_/language-schools/laas-nocn-past-papers/
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[1] Abstract rédigé avec l’aide d’une IA.
[2] Cette présentation est bien ancienne : elle a été réalisée avant la conception et la mise en place progressive, dès 2003, du dispositif de certification appelé ΚΠγ.
En résumé
Cet article propose une analyse critique des examens de langue française organisés par la fédération grecque PALSO pour l’obtention d’une certification. Il examine l’écart entre les objectifs d’apprentissage basés sur une approche communicative et la conception des épreuves évaluatives. En se concentrant sur la docimologie et la sociolinguistique, l’auteur présente une étude comparative et itérative, visant à améliorer la pertinence et la fiabilité des tests à travers l’analyse des résultats obtenus depuis 1984. [1]
Résumé généré par ChatGPT