La gestion de la communication, c’est la gestion de l’incertitude. Nous allons le montrer par l’exemple :
Un apprenant regarde ostensiblement sa montre en baillant pendant le déroulement de la leçon.
– Dans le meilleur des cas, mais aussi dans le cas le plus improbable, le professeur pensera que cet apprenant doit avoir faim. C’est ce qu’on nomme l’effet « iceberg » : le professeur cherche la bonne intention qui sous-tend le comportement.
– Autre réaction, négative celle-là : le professeur pensera que si l’apprenant baille, c’est parce qu’il trouve le cours ennuyeux. On appelle ça l’effet « caméléon » : le professeur prête à l’élève une intention que ce dernier n’a pas (enfin, on espère !).
– Réaction corollaire : le professeur se fâche sur l’apprenant parce que « c’est grossier de bailler et de regarder ostensiblement sa montre en classe ». C’est l’effet « boomerang », le professeur attribue publiquement une signification négative au geste de l’apprenant.
Morale de l’histoire : au spectacle de tout écart de comportement, l’enseignant doit avant tout en chercher toutes les causes possibles, ne pas se limiter à une interprétation épidermique de ce qu’il observe. « La classe s’agite ? Qu’est-ce que ça peut signifier ? »
Dans notre premier exemple, une excellente réaction serait de montrer à l’élève comment son comportement peut être interprété en le plaçant face à un miroir : « Dis-moi, si tu étais le prof et que tu voyais un élève qui baille… qu’est-ce que tu penserais ? »