Maria Montessori était tout à la fois anthropologue et pédagogue. Elle fut la première femme italienne à recevoir le diplôme de médecin. Elle enseignait à l’université de Rome. Elle fut très marquée par Jean-Marc Gaspard Itard.
Itard était le chef de file de ceux que l’on appelle aujourd’hui les médecins éducateurs. En 1800, il se proposa d’élever un « enfant sauvage ». En Aveyron, on avait capturé une créature rôdant dans les bois. Il s’agissait d’un enfant de 11-12 ans, pauvre, sale, sujet à de fréquents spasmes. Il avait été conduit chez un aliéniste, le Dr Pinel, qui diagnostiqua un « état d’idiotisme » ne permettant aucun espoir de développement normal. Itard, alors jeune médecin, mit en doute ce diagnostic et se chargea de l’enfant qu’il nomma Victor.
Ses motivations étaient humanitaires mais aussi scientifiques : il allait pouvoir étudier un échantillon d’« humanité primitive » et ranimer ainsi le vieux débat « nature-culture » ou, en d’autres termes, « inné-acquis ». Il allait aussi pourvoir mettre à l’épreuve la théorie de la connaissance de Condillac pour qui les sensations simples conduisent à des sensations complexes qui forment la pensée.
L’objectif premier d’Itard fut de faire parler Victor. Il lui fit associer certains sons à certains objets : Victor apprit ainsi facilement le mot « lait » mais il n’utilisa ce mot qu’en présence du produit (le mot « lait » avait donc gardé le statut de signal et non de signe). Itard fit associer par Victor des symboles visuels (mots écrits) à des objets. Mais Victor ne put maîtriser le champ d’extension de la catégorie du mot qu’il désignait.
Itard tenta alors de trouver des explications de type organiste (déficience de l’appareil phonatoire, etc.). En vain.
Il se demanda ensuite si la décomposition de la réalité en unités élémentaires ne détruisait pas le sens (c’est le problème de la didactisation à outrance). Car Victor donnait du sens aux choses : il éclatait de rire, il appréciait les sorties en forêt ou en ville, il coupait du bois, aidait la gouvernante à faire le ménage… En fait, il ne donnait un sens qu’aux activités ayant une finalité. Or, plus on morcelait les activités d’apprentissage, moins le sens apparaissait.
C’est justement pour résoudre ce problème, que Decroly (Neuropsychiatre belge, notamment inventeur d’une méthode d’apprentissage de la lecture dite « globale ») avait proposé à la même époque la fonction de globalisation.
Montessori, profondément marquée par les découvertes d’Itard, a cherché à comprendre l’origine des problèmes de l’éducation. Elle a détecté les conflits entre l’adulte et l’enfant dans la pédagogie traditionnelle : l’adulte imagine différentes formes de travail, mais ses préoccupations ne sont pas les mêmes que celles de l’enfant. En fait, l’enfant veut avant tout tester son environnement. L’adulte a, quant à lui, trop souvent tendance à interférer dans la logique de l’enfant, ce qui inhibe le développement personnel de ce dernier.
Les buts nouveaux de l’éducation devraient donc être, pour Montessori, de respecter au mieux ce plan de développement que chacun a en soi et qui résulte de la nature et de la volonté de Dieu.
Les moyens mis en œuvre seront de séparer le monde de la petite enfance de celui des adultes et de renoncer à la conception traditionnelle de l’autorité. Toutefois, l’adulte n’est pas complètement absent de cette « sacralisation » de l’enfance puisqu’il aménagera un environnement adéquat pour l’enfant. Montessori va ainsi créer les célèbres « maisons pour enfants ». L’idée novatrice sera la mise en place d’un mobilier adapté, de jeux particuliers, bref de tout un matériel éducatif qui va servir de support, de stimulation pour l’enfant.
Montessori donne une importance particulière à la détermination de deux seuils, celui de l’intervention de l’adulte et celui de la diversité du matériel : pas trop d’objets pour ne pas disperser l’attention de l’enfant.
Maria Montessori a donc surtout préconisé le développement d’un état optimum d’attention et de concentration chez l’enfant.