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Mieux vendre le français

La question continue de ronger de nombreux enseignants du français en début d’année. N’ayons pas peur de la poser sous sa forme la plus mercatique : Comment convaincre d’éventuels futurs élèves que c’est le français qu’ils doivent apprendre ?

Mondialisation, élargissement de l’Europe, développement de l’Internet : trois notions-clés présentes dans tous les discours sur la nécessité absolue d’apprendre, non plus une, mais des langues étrangères aujourd’hui. En témoigne la place de plus en plus en plus importante occupée par l’apprentissage des langues dans les systèmes officiels d’enseignement en Europe.

Les chiffres fournis par les études Eurobaromètre les plus récentes indiquent que l’enseignement des langues à l’école primaire est en constante progression. En Grèce comme dans la plupart des pays européens, plus de 33% des élèves inscrits dans une école primaire apprennent une langue étrangère. En Grèce, comme au Danemark, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas, au Portugal ou au Royaume-Uni, la durée de l’enseignement obligatoire d’une langue étrangère est beaucoup plus importante qu’il y a dix ans.

On estime aujourd’hui que la moitié des citoyens européens sont enfin capables de prendre part à une conversation dans une langue autre que leur langue maternelle.

Il existe bien évidemment d’importantes disparités d’un État membre à l’autre : Ainsi, au Luxembourg, aux Pays-Bas, au Danemark et en Suède, plus de 8 habitants sur 10 parlent au moins une langue étrangère. Par contre, au Royaume-Uni, en Irlande et au Portugal, moins d’un tiers de la population parle une autre langue.


En Grèce, plus qu’ailleurs encore, du fait que la langue nationale est une langue à faible diffusion, éducateurs et parents sont bien convaincus de la nécessité du multilinguisme.

Ainsi, par exemple, par rapport à 1990, la proportion de personnes qui parlent suffisamment bien l’anglais pour participer à une conversation s’y est accrue de 13%. Cette augmentation est une des plus fortes qui ait été enregistrées en Europe.

Mais la Grèce fait preuve d’un moins grand dynamisme que la plupart des autres pays de l’Union sur deux points :
On n’y enseigne généralement qu’une ou deux langues étrangères. Ailleurs, les élèves étudient ou peuvent étudier au moins deux ou trois langues.
De plus, à en croire Eurobaromètre, dans l’enseignement public, les élèves de 12 à 18 ans ne consacrent en moyenne qu’une à trois heures par semaine à l’apprentissage d’une langue, contre 6 heures par semaine au Portugal, par exemple.
Ce petit nombre d’heures est heureusement compensé par la fréquentation des Écoles de Langues privées.

Personne ne conteste le choix de la première langue à apprendre : ce doit être l’anglais qui est parlé en tant que langue maternelle ou que langue étrangère par un très très grand nombre de personnes dans le monde et en Europe (47% des Européens peuvent tenir une conversation en anglais). Une raison supplémentaire d’apprendre l’anglais est le fait que cette langue est parlée dans toutes les régions du monde, qu’elle est disséminée, ce qui n’est par exemple pas le cas du chinois pourtant parlé par plus d’un milliard de personnes.

Ce critère de la dissémination est de loin plus important que le critère démographique, selon lequel nous aurions du accorder la plus haute priorité à l’apprentissage du mandarin ou de l’hindi.
Heureusement, si nous mettons à part le cas très particulier des futurs traducteurs/interprètes qui apprennent parfois aussi des langues originales pour des raisons de concurrence professionnelle, la probabilité que nos enfants doivent un jour communiquer dans une langue non européenne reste faible.

Cette considération nous ramène au paysage européen de l’apprentissage des langues. Quelles sont les langues étrangères qui y sont le plus enseignées ?

Les études d’Eurobaromètre confirment bien entendu que l’anglais est généralement la première langue étrangère des systèmes d’enseignement des États membres non anglophones. Le français se classe presque toujours en deuxième position. Je laisse deviner quel État fait exception.


Bonne nouvelle pourtant ! Lorsqu’on demande aux jeunes européens quelle est la langue étrangère dont la connaissance leur paraît la plus utile, la plupart d’entre eux répondent l’anglais, suivi du français puis de l’allemand. Dans l’ensemble, 89% des élèves européens apprennent effectivement l’anglais. 32% des élèves apprennent le français, 18% seulement l’allemand et 8% l’espagnol. Le marché européen du français – seconde langue étrangère se porte donc plutôt mieux que celui des autres langues.

Si l’on prend pour critère l’utilité statistique objectivement mesurée et reconnue par l’ensemble de la population européenne, c’est donc bien le français qu’il faudrait apprendre après l’anglais.
Ceci dit, des apprenants de plus en plus nombreux savent – ou croient savoir – à quoi leur serviront exactement la ou les langues qu’ils apprennent. Dans ce cas, leur préférence peut sortir de la norme statistique.

On trouvera dans la réédition d’un ancien article paru dans ce journal les arguments qui peuvent présider à leurs choix. Ils sont toujours d’actualité, il nous faut donc les rappeler :

L’argument politique : Apprendre le français langue étrangère peut contribuer d’une façon importante à protéger le pluralisme linguistique en Europe ou dans le monde et à éviter la domination exclusive d’une seule langue comme langue internationale. Apprendre le français peut donc contribuer à la démocratie linguistique.

Les chiffres indiscutables : Le français est parlé par plus de 150 millions de personnes dans le monde. C’est la seule langue avec l’anglais à être enseignée dans absolument tous les pays de la planète, à des titres et à des degrés divers. 52 États et gouvernements du monde, sur tous les continents, ont le français en partage. Avec le chinois, le sanscrit, l’arabe, le latin et le grec ancien, le français est l’une des six langues à avoir débordé massivement sur d’autres idiomes : il a ainsi fourni plus de 50% du vocabulaire anglais actuel. Enfin, le français est la quatrième langue utilisée sur Internet. Avez-vous deviné quelles sont les 3 premières ?

L’argumentation « coloniale » : Le français est une langue de grande importance sur les plans culturel, scientifique, artistique, littéraire, ... Le français fait partie des 7 grandes langues dont la diffusion est intercontinentale et dont la littérature a une réputation internationale (Les autres grandes langues sont l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le portugais et le russe). C’est la langue de la mode et de la cuisine qui viennent de France et qui jouissent d’un très grand prestige international. Certains élèves (surtout des filles) apprennent le français parce qu’ils trouvent que le français est beau, qu’il a de belles sonorités, sans qu’il y ait de motivations spécialement utilitaires. Bref, tout le monde (sauf moi !) l’a bien compris : « la connaissance du français comme seconde langue donne un grand prestige ».


Les motivations culturelles (1) : On peut vouloir découvrir la culture des pays francophones : le champ est vaste puisque le français est parlé par des gens de toutes les origines géoethniques. Que de littératures, que de cultures musicales, que de civilisations à visiter ! C’est aussi une langue très utile pour faire du tourisme : on la parle dans des destinations touristiques de grande importance (des Antilles à la France, de l’Afrique à la Suisse, de la principauté de Monaco à Tahiti, des Seychelles au Canada...).

Les études : Avec le français on peut étudier et faire de la recherche dans un très grand nombre d’universités du monde. Un étudiant peut poursuivre ses études en français dans tous les domaines en Belgique, au Québec, en France ou même en Grèce à une fraction du coût encouru si ces mêmes études étaient faites en anglais dans un pays anglo-saxon. Ce qui nous amène à évoquer …

La concurrence avec l’anglais (dont l’apprentissage reste bien entendu indispensable !) : Deuxième langue certes, par rapport à l’anglais, mais première langue « choisie » un peu partout dans le monde, le français semble être la seule langue capable, aujourd’hui, d’offrir une alternative, linguistique et culturelle, à l’impérialisme anglo-américain.
La plupart du temps, l’étude du français, qui est facultative dans des pays tels que ceux d’Amérique latine ou au Japon, est entreprise par des gens qui sont, contrairement à ce que l’on constate pour l’anglais, réellement motivés pour l’étude de la langue étrangère qu’ils ont librement choisie. Ainsi, les gens ayant étudié le français atteignent souvent un excellent niveau qui leur permet de communiquer de manière efficace et à un niveau bien plus élevé que s’ils le faisaient en anglais. L’anglais dit « international » est, beaucoup trop souvent, une langue extrêmement pauvre, une sorte de pidgin2, qui ne permet la communication qu’à un niveau élémentaire. Pour s’en convaincre, il suffit d’assister à un congrès scientifique « international » en langue anglaise dans lequel les participants non anglophones ont pourtant tous un niveau supérieur d’instruction.
L’anglais est probablement « la langue la plus facile à mal parler ». C’est la conclusion du linguiste américain Edward SAPIR qui arrive à le démontrer en quelques pages (lire simplement son ouvrage intitulé Linguistique dont la traduction française est disponible).

L’atout professionnel :
Le français est une des cinq grandes langues de communication universelle et est reconnue comme telle dans toutes les institutions internationales. Il est pratiqué sur les 5 continents. En Europe, le français est, avec l’anglais, la langue de travail des institutions, à Bruxelles, de l’Union Européenne et de l’Otan. Une campagne de grande envergure pour renforcer et développer la place de la langue française – et aussi du multilinguisme – dans les organisations internationales a été lancée par BOUTROS GHALI, ancien secrétaire général de l’ONU. On peut donc s’attendre à une demande accrue de fonctionnaires internationaux connaissant cette langue.


Dans l’Union Européenne, c’est une des langues principales, parlée en France, en Belgique et au Luxembourg ( et c’est justement dans ces pays que pratiquement toutes les institutions européennes ont leur siège !). On parle également le français en Suisse, pays important pour la finance, la diplomatie, le tourisme...

L’apprentissage du français permet donc de travailler dans de nombreuses organisations transnationales et internationales. Mais l’utilisation du français dans le cadre de l’entreprise n’est pas rare non plus. De nombreuses entreprises grecques ont des relations avec des pays francophones et apprécient que leurs cadres/employés puissent communiquer en français.

L’avenir du français, enfin : D’après les plus récentes statistiques, la langue française ne se porte pas mal du tout. Elle est même de plus en plus parlée grâce entre autres à l’évolution démographique galopante du continent africain. Claude HAGÈGE (linguiste contemporain célèbre) à qui l’on demandait s’il croyait que le français avait encore un bel avenir devant lui répondait : « Si je ne le croyais pas, je n’aurais pas écrit autant de livres sur le sujet ! »

Devinettes :
a. Combien de langues parle-t-on sur notre planète ?
b. Combien d’entre elles sont-elles écrites ?
c. Quelles sont les 12 langues parlées par plus de 100 millions de locuteurs ?
d. Combien de langues sont-elles parlées par plus de 1 million de personnes ?
e. Quelles sont les langues parlées sur les plus grands territoires géographiques ?
f. Quel est le nombre de systèmes d’écriture (alphabets, systèmes logographiques, etc.) en usage dans le monde ?

Réponses :
a. De 2500 à 7000 suivant l’acception qu’on donne au terme langue.
b. De 100 à 200 langues écrites suivant l’acception qu’on donne au terme langue.
c. Ce sont, par ordre d’importance, le chinois (plus d’un milliard de locuteurs), l’hindi / ourdou (hindustani), l’anglais (500 millions), l’espagnol (400 millions), le portugais, le russe, l’arabe, le bengali (plus de 200 millions), le français enfin (environ 130 millions), le japonais, l’allemand et le malais/indonésien.
d. Environ 200.
e. Ce sont, par ordre d’importance, l’anglais, l’espagnol, le français, le portugais, le russe, l’arabe et le chinois.
f. Il y en a environ 25.


Armés comme nous le sommes après lecture de toutes ces informations, nous ne laisseront pas repartir les élèves et leurs parents venus nous demander conseil la tête vide, quelle que soit la décision qu’ils auront prise.

N’oublions pas que cette décision n’est pas toujours prise après très mûre réflexion, que le sourire et la faculté d’écoute d’un enseignant l’emportent souvent sur les critères plus utilitaires lorsqu’élèves et parents d’élèves choisissent la langue à apprendre.
L’avenir du français nous appartient donc !

.....

(1) « La culture, c’est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale ! », dit-on pourtant en Francophonie…

(2) Pour la petite histoire, pidgin (parler rudimentaire né de la simplification de langues en contact et ne servant qu’à des besoins limités) est la prononciation chinoise de l’anglais business !


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