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Évaluer oui, mais pour éduquer !

Aujourd’hui encore, des professeurs de français enseignent essentiellement la grammaire, le vocabulaire, la rédaction.

Pour la plupart d’entre eux, « grammaire » est peut-être devenue « mise en œuvre du système de la langue », « vocabulaire » est devenu « lexique », « rédaction » est devenue « production écrite ». Mais ces activités n’en sont pas nécessairement plus motivantes pour la cause.

Depuis la diffusion de la perspective actionnelle de l’usage et de l’apprentissage des langues, il n’est plus de communication qui ne soit motivée, justifiée désormais par quelque action sociale, par quelque collaboration.

Mais pas de collaboration sans interlocuteurs ! Sans interlocuteurs véritables, authentiques !

Et devant ces interlocuteurs, il n’est plus question de « se présenter », par exemple, mais de « séduire ». Plus question de « demander des informations », mais de « s’inscrire ». Plus question de « produire un texte », mais de « publier ». Plus question de « participer à un petit jeu proposé par le manuel », mais de « gagner un vrai concours » !

Ravis, les apprenants développent – outre leur compétence de communication enfin motivée, enfin motivante – un tas de compétences dites « générales » : culture, goût du beau, soin, esprit d’équipe, respect de l’Autre, persévérance, amour de son prochain…

Une grande question se pose ici : « Ces compétences générales mises à l’honneur dans le Cadre européen commun de référence et dans ses compléments, sont-elles considérées par les systèmes éducatifs au moment d’évaluer les élèves ou les étudiants ? »

Facile à vérifier : Qu’évaluent généralement les bulletins les livrets scolaires dans les écoles ? – Juste les performances scolaires. Le nombre des absences aussi : tantôt justifiées, tantôt injustifiées… et pourtant toujours justifiables, d’une manière ou d’une autre.

Dans l’école secondaire que j’ai fréquentée petit, l’évaluation se passait heureusement différemment :

Chaque vendredi soir, les élèves se rassemblaient par groupes de trente et s’asseyaient en rond. Un à un, ils se levaient et se livraient à leur autoévaluation hebdomadaire.

Ils tenaient chacun dans la main un petit papier avec, si je me souviens bien, neuf critères d’autoévaluation : « loyauté », « fraternité », « obéissance », « courtoisie » … Le neuvième et tout dernier critère ? « Mon attitude envers l’étude ». Critère important certes, mais placé tout dernier.

Chacun se levait à son tour donc et communiquait aux autres l’image qu’il avait de lui-même : « Loyauté, assez bien, Fraternité, très bien… ». À tout instant, un autre élève pouvait se lever et dire, par exemple : « Fraternité : très bien ? Mais hier encore, tu as refusé de m’aider à ranger les livres de la bibliothèque ! ». Le premier élève décidait alors de corriger ou non la note qu’il s’était attribuée, d’affiner l’image qu’il avait de sa propre serviabilité.

Dans le cadre des cours de langue plus qu’ailleurs, nous pouvons instaurer, en parallèle avec le système institutionnel, peut-être moins performant à ce niveau, une évaluation d’autres performances que la seule et bonne réalisation d’activités (trop) scolaires. Nous pouvons dépasser notre volonté d’enseigner, passer à la vitesse supérieure, nous pouvons éduquer !

Et sur le carnet de notes, affiché près de la porte à l’entrée de la classe, ajouter des critères comme :

  • ponctualité pour que le groupe soit prêt à apprendre plus vite
  • soin pour que les cahiers deviennent de meilleurs outils d’apprentissage
  • esprit d’équipe pour que les activités de groupes se déroulent mieux encore
  • obéissance pour que les élèves respectent le petit règlement intérieur à la rédaction duquel ils auront d’ailleurs participé
  • performances sportives pour pouvoir récompenser l’élève qui n’est peut-être pas toujours performant scolairement

Tout est permis… On peut préférer ou ajouter : bonne humeur ou beau sourire, respect de l’Autre, persévérance, souci écologique, etc. La liste est infinie.

Cette nouvelle forme d’évaluation, que nous pouvons (si ce n’est déjà fait) facilement mettre en place, induira – par un effet nommé washback ou backwash – une nouvelle approche où l’apprentissage du français deviendra aussi – et, pourquoi pas, surtout ! – prétexte à véritable éducation.


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