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Pédagogie et didactique : même combat !

Du fantasme au projet
Notre histoire commence par la mise en place d’un projet pédagogique.
Septembre. Premier cours. J’entre dans la classe. Une fois la porte franchie et fermée, quatre pas… quatre trop courtes secondes pour jauger les élèves du regard et décider comment je m’adresserai à eux.
Eux ! Une douzaine de lycéens, tous des garçons, plus dissipés les uns que les autres. M’ont-ils seulement vu entrer ?

 

Écouter ...

– Bonjour !

Les élèves regagnent leurs places, s’asseyent mais continuent de regarder ailleurs.

– Bonjour !

Pour tout dire, j’avais été prévenu : cette section était exclusivement constituée des « mauvais élèves » de troisième. Ce premier cours ne sera pas facile… Comment gagner leur intérêt ?… Idée !

– (en grec : ) Je ne sais pas si ça peut vous intéresser. On m’a remis une liste de jeunes Danoises…

Tous les regards se tournent soudainement vers moi. Un même fantasme semble bien heureusement animer l’esprit de mes élèves :

– Glup ! Quoi ? Qui ? Danoises ?
– Ben oui, il s’agit d’une école de filles au Danemark. Elles ont votre âge. Leur prof de français voudrait qu’elles entretiennent une correspondance avec des élèves de notre école. Mais bon…

Je prends l’air de celui qui va plutôt proposer cette activité dans une autre classe.

– Échanger avec des Danoises ? Oui, oui, oui ! Ça nous intéresse.

Les élèves s’approchent tous de moi. Les questions fusent. La motivation est née.

Parler français ? Oui. Mais pour séduire !

Désenchantement pourtant :

– Dans quelle langue allons-nous communiquer avec elles ? Nous ne connaissons pas le danois. Nous ne connaissons presque pas le français…
– Et si nous leur montrions notre école, notre classe… si nous préparions une vidéo ?

J’applaudis. Quelle bonne idée ! Le lendemain, devant deux caméras, un premier lycéen se présente :

– Bonnezourrr !

Ses camarades éclatent de rire. La prononciation leur a semblé ridicule. Tous me demandent alors de corriger leur accent, de corriger leurs productions. Très vite, ils comprennent qu’ils ne sont pas prêts à communiquer dans un français d’une qualité suffisante… pour séduire !

Et l’on remet les tournages à plus tard. Il s’agira d’abord de nous y préparer : sans que personne ne s’en rende vraiment compte, un véritable cours de français vient de commencer et tout le monde y participe fiévreusement.

L’habit fait finalement le moine

Fin octobre, nous sommes prêts. Nous installons les caméras dans le parc de l’école, sur un échiquier géant.

Un des élèves – nous l’appellerons Christos – a surpris l’école entière. Il faut savoir qu’en dépit du règlement de l’école, Christos y venait tous les jours en tenue de jogging, qu’il se faisait souvent punir pour cette raison et qu’il refusait pourtant de changer son habitude. Eh bien, le jour du tournage, Christos est venu en complet-cravate !

La morale de l’histoire est que, même dans les pires situations, la mise en place d’un projet peut faire ressentir des besoins, notamment de communication. L’enseignant peut alors faire correspondre les objectifs du cours à l’assouvissement de ces besoins. Les élèves seront motivés et apprendront.

Déconstruction didactique

Au plan didactique, il est visiblement plus motivant de faire développer une compétence générale, sociale (séduire, draguer) qu’une compétence de communication (se présenter, décrire). C’est donc, de préférence, en termes de compétences générales que devraient être formulés les objectifs de chacune de nos leçons.

Compétence générale ? C’est la compétence que devrait toujours avoir en tête un enseignant des langues au moment d’entrer dans la classe. Son développement constitue l’objectif de cours suprême, l’objectif qui donne un sens véritable à tous les autres objectifs de cours. Comme le montre bien notre histoire des jolies Danoises, la motivation naît plus souvent – et pour de plus nombreux élèves – du désir de se réaliser socialement que de celui de s’acquitter simplement de ses devoirs d’écolier.
Au plan didactique, le professeur consciencieux pourrait donc entrer en classe en organisant ses objectifs de cours de la façon – très schématique – qui suit, bien entendu directement inspirée des principes développés dans le Cadre européen commun de référence pour les langues :

Objectif général
Il est exprimé en termes de compétences actionnelles, le plus souvent sociales donc. S’il n’est pas clair dans le manuel d’apprentissage éventuellement employé, on peut l’inventer.

Objectifs spécifiques
Ils sont subordonnés à l’objectif général et exprimé en termes de compétences de communication. Par définition, ces compétences de communication sont toutes à la fois pragmatiques, linguistiques et sociolinguistiques.

Objectifs pragmatiques
Ils sont subordonnés aux objectifs spécifiques et exprimés en termes de micro-fonctions surtout (actes de parole) et de stratégies permettant d’assurer cohésion et cohérence au discours.

Objectifs linguistiques
Ils sont subordonnés aux objectifs spécifiques et exprimés en termes de ressources et/ou de normes propres au système de la langue-cible (orthographe, orthoépie, morphologie, syntaxe, lexique, sémantique).

Objectifs sociolinguistiques
Ils sont subordonnés aux objectifs spécifiques et exprimés en termes de normes sociales à respecter. Le sociolinguistique contraint les choix linguistiques.

Pour le reste, la recette à la fois la plus simple et la plus orthodoxe reste probablement d’apporter aux élèves des documents ou des reproductions aussi fidèles que possible de documents authentiques, exploités au sein d’activités sociales (par opposition à scolaires), vraisemblables, probables et réalistes.

L’irruption de la société dans la classe, la subordination du scolaire au social : la didactique des langues et la pédagogie sont sœurs, décidément !



Lien associé :
Cadre européen commun de référence pour les langues, http://www.coe.int/t/dg4/linguistic/Source/Framework_FR.pdf

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