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Aïe, aïe, le niveau d’orthographe !

Lu dans le Dossier Éducation publié sur le site de TF1 le 16 avril 2012 :

« Le ministère de l’Éducation estime que les résultats en orthographe des élèves ne sont pas satisfaisants. Pis, ils sont en baisse constante avec plus de 14 fautes sur une dizaine de lignes. Le ministère va donc envoyer des exercices types aux enseignants.

Ah, cette bonne vieille dictée. Oui, elle existe toujours à l’école mais elle se révèle de plus en plus un cauchemar pour les élèves au vu des fautes qu’ils y commettent. Selon le ministère de l’Éducation, le nombre d’erreurs en moyenne sur une dizaine de lignes est passé de 10,7 en 1987 à 14,7 en 2007 [2]. Dans le même temps, le pourcentage d’élèves qui faisaient plus de 15 fautes est passé de 26% à 46%. Trop beaucoup, trop pour le gouvernement qui tire la sonnette d’alarme. Mot d’ordre : il faut renforcer l’enseignement de l’orthographe à l’école.

Ainsi, le ministère va adresser une circulaire dans les prochains jours à tous les enseignants des écoles primaires pour définir les principes destinés à favoriser l’apprentissage de l’orthographe.

"L’orthographe doit constituer un enseignement spécifique et doit s’apprendre à partir de notions claires ayant leurs propres règles permettant aux élèves de mieux comprendre et de rédiger des écrits", explique la rue de Grenelle dans son communiqué. "Enfin, elle doit s’enseigner de manière complémentaire à la grammaire et au vocabulaire." La circulaire sera accompagnée d’une plaquette détaillant les orientations pédagogiques souhaitées et proposant une série d’exercices types.

Renforcer l’enseignement de l’orthographe est un enjeu majeur pour la réussite des élèves parce que la maîtrise de l’orthographe conditionne celle de la langue française, notamment la compréhension des écrits et l’identification des mots, écrit le ministère. »

Quelques-uns des « principes destinés à favoriser l’apprentissage de l’orthographe » ont retenu mon attention.

« L’orthographe doit constituer un enseignement spécifique […] elle doit s’enseigner de manière complémentaire à la grammaire et au vocabulaire. »

Mon Dieu ! Pourvu que cela ne déteigne pas sur les méthodologies d’apprentissage du français langue étrangère. Imaginez qu’on remette à l’honneur les dictées littéraires de l’ancien Sorbonne I, qu’on force à nouveau nos élèves d’étudier par cœur d’interminables listes de mots, à traduire et orthographier correctement, qu’on leur fasse mémoriser, comme on le faisait il n’y a pas si longtemps encore, les mille et un cas d’emploi du subjonctif ?

Ne vaudrait-il pas mieux considérer les compétences orthographique, lexicale et grammaticale comme de simples outils – et non comme des objectifs en soi – destinés à communiquer efficacement. Dès lors, dans des situations de communication bien précises, les apprenants/usagers de la langue seraient contraints d’en respecter au mieux les normes d’usage. Ces contraintes ont au moins le mérite d’être motivées. Ici, par le souci de communiquer efficacement.

Ainsi par exemple, tout le monde sait que dans de nombreux milieux culturels francophones, l’auteur d’un curriculum vitae comportant plus d’une faute d’orthographe risque de ne pas obtenir l’emploi brigué, ou que tout document médiatisé doit absolument être exempt de fautes d’orthographe.

C’est, dans ces deux cas, du genre du texte produit que dépend le degré d’importance qui sera conféré à sa perfection orthographique : au moment de rédiger un CV ou un texte médiatisé, on DOIT écrire sans faute.

Si l’enseignant veille à sensibiliser ses élèves aux composantes de la situation de communication (genre de texte à produire, actes à réaliser, statut des interlocuteurs, etc.) et aux contraintes qu’elles imposent (orthographe parfaite, rite épistolaire, etc.), leurs productions seront écrites dans le souci de respecter au mieux les normes linguistiques jugées importantes.

N’est-ce pas ainsi que l’orthographe devrait, elle aussi, s’apprendre ?

« [...] les orientations pédagogiques souhaitées »

Il existerait donc une ou des pédagogies de l’orthographe ? J’étais pourtant persuadé que la didactique se démarquant notamment de la pédagogie par le fait qu’elle porte nécessairement sur un objet d’enseignement/apprentissage précis, la pédagogie se concentrait plus sur les relations entre les acteurs de l’action didactique. Et qu’à ce titre, la décision de mettre en œuvre telle ou telle pédagogie tenait plus des circonstances et des moments de l’acte éducatif…

Est-ce vraiment le fait que la compétence à développer est l’orthographe qui contraindra le choix que je ferai de mettre en œuvre une pédagogie différenciée, par objectifs et/ou du projet ?

« [...] une série d’exercices types »

Retour de ces maudits exercices… Les apprenants sont décidément mal aimés. Ne pourrait-on pas remplacer ces activités répétitives souvent mornes et immotivées – socialement, du moins – par des jeux ou des concours, par exemple ?


Ces quelques propos nous conduisent à l’idée que lorsque les performances moyennes des élèves sont décevantes, avant de revenir à des méthodologies d’enseignement/apprentissage plus anciennes on devrait d’abord s’assurer de ce que les méthodologies en vigueur ont correctement été mises en œuvre.
Relisons notre CECR… ou tout au moins son résumé !

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[1Une étude réalisée sur les performances des élèves de CM2 à vingt ans d’intervalle (1987-2007) a permis de constater une baisse significative du niveau en orthographe, souligne le ministère.

[2Une étude réalisée sur les performances des élèves de CM2 à vingt ans d’intervalle (1987-2007) a permis de constater une baisse significative du niveau en orthographe, souligne le ministère.


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