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La gestion des comportements inacceptables

Nous vous livrons ce mois trois passages instructifs de l’excellent ouvrage de
Clermont Gauthier, Jean-François Desbiens et Stéphane Martineau :
Mots de passe pour mieux enseigner (Collection Formation et profession, Québec : Presses Université Laval, 2003).

Ils sont tirés du chapitre 2, intitulé « La gestion de la classe ».

GESTION DES COMPORTEMENTS INACCEPTABLES

« Question : Comment doit-on agir avec les élèves dont la conduite n’est pas acceptable ?

Réponse : Les recherches indiquent que les bons gestionnaires de la classe traitent le problème de la discipline en privé avec les élèves afin d’éviter les conflits de pouvoir. Par ailleurs, en se montrant attentifs aux explications fournies par l’élève, ils s’enquièrent de son degré de conscience quant à la faute commise. Les punitions ne viennent qu’en dernier recours.

En effet, lorsqu’un élève adopte un comportement inacceptable, il est essentiel que nous nous assurions qu’il comprend bien les raisons pour lesquelles ce qu’il fait ne peut être toléré. Faire prendre conscience de la nature et des conséquences des attitudes ou gestes inadéquats permet à l’enseignant de responsabiliser l’élève. La responsabilisation du jeune a pour objectif d’entraîner un changement dans les comportements ou attitudes.

Par exemple, un de nos élèves arrive systématiquement en retard le matin. Au lieu de l’interpeller devant toute la classe – ce qui risque de nuire au déroulement de la leçon tirée, il est préférable de la prendre à part (ce peut être la fin de la demi-journée) et de chercher à connaître les raisons de ses retards : sont-ils volontaires ou non ?
Dans le cas où les retards sont volontaires, nous chercherons alors à connaître les motifs et les arguments donnés par l’enfant afin de justifier sa conduite. De cette manière nous serons mieux à même d’utiliser des contre-arguments efficaces. Très souvent, une « bonne discussion » permet de régler le problème rapidement sans que des sanctions soient nécessaires.

Cependant, dans l’éventualité où les conduites ne changent pas de manière satisfaisante, il devient nécessaire d’informer les élèves des conséquences pouvant survenir. Les punitions ne devraient être évoquées qu’en dernier ressort. »

EFFETS DES PUNITIONS

« Question. Quels sont les effets des punitions et du renvoi de l’élève ?

Réponse. Les recherches démontrent que les punitions et le renvoi en tant que stratégies disciplinaires ne sont pas par eux-mêmes éducatifs. Leur efficacité requiert en outre qu’ils soient mobilisés à l’intérieur d’un système de règles et de standards clairs, de sorte que les conduites et attitudes appropriées deviennent l’intérêt principal.
En effet, les décisions relatives au renvoi et aux punitions d’un élève devraient être basées sur deux considérations. Pour qui seront-elles efficaces ? Quelles en seront les effets ? L’effet des punitions dépend en partie de leur type et de la constance de la forme utilisée. Les formes modérées, comme la perte de privilèges ou la retenue, peuvent effectivement faire comprendre aux élèves la détermination de l’enseignant à appliquer les règles et à ne pas tolérer d’écart trop important à la bonne conduite.

La constance de l’administration des punitions ressort cependant comme facteur déterminant. Les recherches laissent entendre que la constance provoque des réactions ambivalentes chez les jeunes. Ces réactions peuvent aller de l’extinction complète des conduites indésirables chez certains sujets à l’exacerbation radicale des comportements perturbateurs chez d’autres.

Les formes extrêmes des punitions qui laissent éclore la colère des enseignants sont très controversées. Leurs effets sont imprévisibles. Elles feront peur à certains et en mettront d’autres au défi. Elles ont par ailleurs tendance à entretenir l’hostilité de l’élève à l’endroit de l’enseignant, ce qui rendrait difficile l’établissement ultérieur pour les deux parties de relation satisfaisante et propice, un climat de travail fructueux. De plus, s’il est à peu près incontestable que les punitions sévères inhibent la plupart du temps des comportements indésirables, elles ne sont par contre pas en mesure de motiver vraiment l’élève à adopter des attitudes et des comportements appropriés : c’est plus par peur que par réelle conviction qu’il se pliera au diktat de l’enseignant.
Enfin, la stratégie disciplinaire qui consiste à renvoyer les élèves semblent d’un emploi généralisé dans nos écoles bien qu’il y ait encore peu d’évidence quant à sa valeur éducative. Elle a souvent simplement pour effet de priver de l’école ceux-là même qui en ont le plus besoin. Elle peut également prendre l’allure d’une récompense si cela permet de retirer l’élève d’une situation à laquelle il ne veut pas faire face.

Les recherches ne permettent pas non plus de soutenir que l’expulsion des « fauteurs de troubles » rend les classes et les écoles plus propices à l’apprentissage. On rapporte que les écoles ayant un faible taux de renvoi son généralement proches de la communauté qu’elles desservent, qu’elles mettent l’accent sur un enseignement plutôt que sur la discipline et que l’environnement éducatif est centré sur l’élève. En contrepartie, les écoles où le taux de renvoi est élevé semblent souvent se servir de cette stratégie disciplinaire pour forcer les parents à venir l’école. »

EFFETS DES ÉLOGES

« […] il appert que, si nous adressons des éloges aux élèves qui le méritent, nous avons de fortes chances de réduire la quantité de comportements déviants dans notre classe. Toutefois nous devons garder en mémoire que l’efficacité des éloges dépend de toute une série de facteurs. Elle est supérieure

 lorsque les éloges sont spécifiques plutôt que globaux (il vaut mieux dire « tu as fait de l’excellent travail dans tel exercice » que « tu es une bonne élève ») ;

 quand ils sont utilisés avec les élèves dépendants et anxieux (ceux-là même qui ont le plus besoin de notre approbation et de nos encouragements) ;

 lorsqu’ils sont donnés en privé plutôt qu’en public (se voir féliciter par l’enseignant devant ses camarades peut parfois être plus gênant qu’autre chose pour un élève soucieux avant tout de la reconnaissance par ses pairs) ;

 quand ils sont utilisés dans le but d’attirer l’attention sur le contenu à apprendre et sur la réussite scolaire ;

 lorsqu’ils sont exprimés avec chaleur et encouragement, particulièrement auprès des élèves les plus jeunes ;

 quand ils ne sont pas trop fréquents (bien qu’ici, ce qu’on entend par fréquence ne soit pas spécifié par les recherches, laissant cela à notre appréciation personnelle) ;

 enfin, lorsqu’ils sont liés au contexte.

Le maximum d’efficacité des félicitations semble atteint lorsqu’elles sont d’ordre symbolique et s’adressent aux élèves du primaire provenant de milieux socio- économiques défavorisés ou présentant moins d’aptitudes scolaires. On retiendra que ces mêmes hésitations perdent leur pouvoir au fur et à mesure que l’on monte des degrés scolaire : un enseignant du secondaire ne doit donc pas se faire d’illusion quant à l’efficacité des éloges et félicitations auprès des jeunes de sa classe.

Les félicitations perdent aussi de leur efficacité si elles sont sollicitées par l’élève lui-même ; par conséquent il s’avère important que nous sachions aller au-devant des jeunes qui ont besoin de ce moyen d’encouragement. Rappelons-nous que des félicitations transmises oralement et en privé sont avantageusement remplacées par un commentaire écrit à caractère informatif sur le travail de l’élève. Le fait de féliciter un élève peut l’aider à construire son estime de soi et à établir une relation amicale avec nous.

En somme, pour porter vraiment fruit, les félicitations doivent être clairement reliées au sujet qui nous préoccupe […] et être offertes sincèrement. »


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