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La grammaire : où, quand, comment et pourquoi ?

 ?

Dans la tête de chaque apprenant. La grammaire doit être entendue comme une représentation individuelle du système de la langue. Elle réside donc dans la tête de chaque apprenant (et non dans quelque livre de grammaire), elle est

 provisoire (les explications échafaudées par chacun des apprenants ne sont jamais parfaites, jamais définitives),
 strictement personnelle (posez une question précise sur le fonctionnement du grec aux 25 élèves d’une classe du Gymnase ou du Lycée ; vous obtiendrez au moins 25 explications différentes !) et
 fatalement incomplète (puisqu’elle est la somme de tentatives d’explications a posteriori du fonctionnement d’un nombre réduit de réalisations morphosyntaxiques observées.

Quand ?

Si « faire de la grammaire » consiste bien à construire une représentation/explication personnelle du système de la langue, cette activité ne devrait être explicitement organisée qu’au moment où le besoin s’en fait sentir, rarement en début d’apprentissage (puisque la trop petite quantité des productions morphosyntaxiques observées ne permet pas encore de déduire de « règles »), mais plutôt au moment où on entend dans la classe "Comment ça marche ça ?, Mais pour finir, quand est-ce que … ?).

Comment ?

Au coup par coup, sans déborder du cadre tracé par la question, en utilisant éventuellement les livres de grammaire comme des ouvrages de références, non plus comme des manuels d’apprentissage. Le professeur n’entre donc pas dans la classe dans l’intention de faire avaler par les apprenants la liste des 365 situations syntaxiques ou autres dans lesquelles on devrait employer le subjonctif mais avec des documents authentiques à « consommer ».
Si des apprenants expriment soudain le besoin de théoriser les conditions d’emploi du subjonctif, le prof peut les aider à découvrir presque seuls que, pour finir, on emploie le subjonctif à peu près dans les mêmes cas qu’en grec, ou « quand on ne veut pas / on n’est pas sûr que l’action va se réaliser ».

Les avantages de ce système sont

 qu’on ne fait de la grammaire que quand les apprenants en éprouvent le besoin (il ne faudra certainement rien répéter !),
que la mise en pratique sera immédiate et ne devra pas passer par les « exercices bêtes » qui ennuient même Vassiliki Natsiou (hi hi !),
 que le fascisme des grammaires normatives est ainsi neutralisé et enfin et surtout,
 que les apprenants acquièrent progressivement une autonomie construite sur le développement de stratégies de théorisation grammaticale par déduction, comparaison, consultation de manuels de références, etc.

Pourquoi ?

Pour apprendre plus vite, pour apprendre à apprendre ! Ceci dit, le cours plus conventionnel de grammaire peut aussi aider les apprenants à rapidement produire des écrits, sans modèles et hors contexte, mais la qualité de ces productions sera piètre, les circonstances de production ennuyeuses. Le cours conventionnel de grammaire peut aussi conduire les apprenants à la connaissance de la métalangue (étiquettes grammaticales) chère au Sorbonne ou à atteindre dans les domaines de l’orthographe grammaticale ou du style des niveaux jamais atteints par les Francophones moyens (bien incapables d’accorder un participe : à preuve le fait que l’évaluation de cette compétence dans les examens de recrutement pour la fonction publique a été interdite !) Ces compétences-là, le traitement de texte des ordinateurs les possède de toute façon, et il nous assiste tous les jours, soit en les développant à notre place, soit en nous les inculquant, dans les deux cas : vite et bien !

Quelle grammaire ?

La conclusion de tout ceci est

 que la grammaire ne doit en aucun cas constituer un titre ou un objectif de cours ;
 que cette grammaire doit appartenir aux apprenants ;
 que les livres sont des références à consulter en classe ;
 que les exercices dits « de grammaire »sont des activité de bachotage que ne justifient en définitive que la préparation à des examens qui encouragent ce type médiocre d’apprentissage ;
 que la modélisation grammaticale à privilégier au cours de l’apprentissage d’une langue est celle de la grammaire de l’énonciation, qui a l’avantage de regrouper de la même façon que nos cerveaux les réalisations discursives observées .

Ce pourrait être le sujet (sociolinguistique mais aussi psycholinguistique) d’un prochain article.

Paru dans la revue mensuelle de la Panhellenic Federation of Language School Owners (PALSO) en février 2001.


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