L’intelligence artificielle est entrée dans la salle de classe... parfois par la petite porte.
Comment repérer si un élève a laissé ChatGPT rédiger son devoir à sa place ? Sans tomber dans la chasse aux sorcières, dix indices concrets permettent de lever le doute. À lire, à imprimer, à partager.
Introduction
Depuis l’arrivée des intelligences artificielles génératives comme ChatGPT, une question hante les enseignants : cet élève m’a-t-il rendu un devoir personnel… ou rédigé par une machine ?
Voici dix indices concrets qui permettent, sans preuve formelle mais avec un faisceau de signaux concordants, de détecter une rédaction artificielle.
1. Ponctuation inhabituelle
Les IA mettent souvent une virgule avant la conjonction « et », comme en anglais. Exemple : Il a étudié, et il a réussi.
Les francophones ne procèdent généralement pas ainsi.
2. Tirets trop longs ou trop typographiques
L’IA utilise des tirets cadratins comme celui-ci « — » au lieu des tirets normaux « – », souvent avec des espaces insécables bien placés. C’est typographiquement impeccable, mais suspect venant d’un élève.
3. Conclusion titrée et formatée
Les IA aiment les structures visibles : un paragraphe de conclusion clairement intitulé « Conclusion », qui commence souvent par : En conclusion, nous pouvons affirmer que…
4. Majuscules superflues
Des mots comme « L’Art », « La Science », « L’Éducation » prennent souvent une majuscule en début de mot sans raison grammaticale. Ce mimétisme anglo-saxon trahit parfois l’IA.
5. Trop de perfection
Une syntaxe sans accroc, un vocabulaire précis, un texte fluide… mais sans la moindre maladresse stylistique. Ce zéro défaut est souvent suspect, surtout si l’élève n’a jamais produit ce niveau auparavant.
6. Structure « trop belle » pour être vraie
Une introduction de 5 lignes, 3 paragraphes équilibrés, une conclusion bien formée : on croirait un plan-type d’examen. Mais l’absence de vraie progression ou de variation peut trahir l’automatisme.
7. Aucune référence au vécu scolaire
Le plus souvent, un devoir écrit par une IA n’évoque ni le cours, ni l’enseignant, ni les documents étudiés, ni la situation locale. Il semble « hors-sol », générique, passe-partout.
8. Idées répétées sous d’autres formes
L’IA reformule parfois la même idée dans plusieurs paragraphes en changeant de mots. L’élève humain, lui, fait plutôt des redites par étourderie, pas par stratégie de paraphrase.
9. Exemples trop lisses ou grandiloquents
Exemples célèbres (Mandela, Hugo, Einstein), citations générales mais aucune allusion concrète à des choses vues en classe. L’IA ratisse large mais reste en surface.
10. Ton excessivement neutre et poli
L’élève hésite, prend position, exagère parfois. L’IA, elle, reste polie, prudente, sans émotion. Elle ne « s’engage » pas. Ça se sent.
Tableau récapitulatif
Indice | Manifestation typique | Pourquoi c’est suspect |
---|---|---|
Ponctuation étrange | Virgules avant « et » | Anglicisme syntaxique courant chez les IA |
Tirets typographiques | Tirets cadratins (—) avec espaces | Peu d’élèves utilisent cette ponctuation sophistiquée |
Conclusion surformatée | Paragraphe intitulé « Conclusion » | Structure trop rigide |
Majuscules abusives | Mots communs capitalisés sans raison (L’Art, La Science) | Influence des usages anglophones |
Texte « trop parfait » | Aucune faute, aucune hésitation | Lissé artificiellement |
Plan trop régulier | Intro – 3 paragraphes – conclusion | Comme un modèle rédigé pour une épreuve type |
Absence de vécu scolaire | Pas de référence à un cours, un prof, un document de classe | Un élève ancré dans son apprentissage en parle |
Répétitions déguisées | Même idée exprimée plusieurs fois de manière différente | Paraphrasage automatique typique de l’IA |
Exemples génériques | Figures célèbres, concepts universels, citations idéalisées | Pas d’ancrage local ni personnel |
Ton trop poli, trop neutre | Absence de subjectivité, de point de vue marqué | Un élève s’engage, même maladroitement |
Astuce pédagogique
Douter sans accuser : que faire si un devoir semble rédigé par une IA ? Repérer des signes d’automatisation dans un devoir ne suffit pas à poser un jugement. Pour agir avec justesse, voici quelques pistes :
Éviter la confrontation directe.
Ne jamais accuser sans preuve. L’élève peut être intimidé, voire innocent. L’IA peut aussi avoir été utilisée comme aide ponctuelle, sans intention de tricher.
Proposer un entretien rapide.
Une discussion orale de 5 minutes peut révéler si l’élève maîtrise ce qu’il a « écrit ».
« Peux-tu m’expliquer ce que tu voulais dire ici ? »
Donner une mini-tâche en classe.
Une reformulation ou une suite de paragraphe à écrire sur place, dans le même style que le devoir rendu.
Responsabiliser sans punir.
Expliquer que l’IA peut être un outil d’aide à l’écriture, mais que son usage doit être réfléchi, déclaré et assumé.
Encourager la transparence.
Autoriser l’usage de l’IA dans certaines consignes, à condition de le mentionner explicitement : par exemple : « Ce texte a été rédigé avec l’aide de ChatGPT, puis retravaillé par mes soins. »
Bonus discret mais révélateur : les espaces « invisibles »
Il arrive que certains devoirs contiennent des espaces typographiques insécables (U+00A0 ou U+202F), là où un élève n’en mettrait jamais. Ces espaces particulières – et oui, « espace » est un mot féminin dans le jargon des typographes ! – sont insérées automatiquement par l’IA pour respecter les règles de typographie française.
On peut les faire apparaître en affichant les caractères invisibles dans un traitement de texte ou en ouvrant le texte dans un éditeur brut.
À noter aussi
Il existe des logiciels ou plateformes en ligne qui prétendent mesurer le pourcentage de contenu rédigé par une IA (GPTZero, Copyleaks, Turnitin, etc.). En réalité, ces outils sont moins fiables qu’on ne le pense : leurs résultats sont aléatoires, surtout sur des textes courts ou retouchés.
Souvent proposés gratuitement en première utilisation, ils servent surtout à attirer des clients vers des versions payantes, en jouant sur l’anxiété des enseignants ... ou des élèves.
En résumé
L’essor des intelligences artificielles comme ChatGPT transforme la façon dont les élèves écrivent leurs devoirs… parfois en les remplaçant. Cet article propose dix indices observables qui permettent aux enseignants de détecter les signes d’une rédaction artificielle : ponctuation inhabituelle, majuscules exagérées, ton trop neutre, exemples passe-partout… En fin d’article, un tableau récapitulatif didactique synthétise les indices et une astuce pédagogique aide les profs à agir avec discernement et éthique, sans risquer d’accuser à tort.
— Résumé généré par l’IA.