L’intelligence artificielle entre peu à peu dans nos classes. Mais comment l’utiliser sans trahir l’essence de notre métier ? Pour les enseignants de FLE, surtout au primaire, l’enjeu est clair : garder le lien humain et faire de l’IA un outil au service de l’action. Pas une distraction.
L’IA au service d’un enseignement actif, concret et humain
L’intelligence artificielle, on en parle partout. Certains en font un gadget, d’autres une menace. Et nous, enseignants de FLE – parfois en primaire, souvent en terrain difficile – on s’interroge : « Est-ce que ça peut vraiment m’aider dans mes projets de classe ? Sans trahir ce que je fais de mieux : faire agir les élèves dans la langue ? »
L’IA n’enseigne pas [1]. Elle peut t’aider à faire apprendre.
Dans l’approche actionnelle, les apprenants ne sont pas là pour « apprendre le français » mais pour « agir en français ». Résoudre des problèmes, interagir, coopérer, créer.
Ce n’est donc pas une grammaire automatisée qu’il nous faut, mais des outils pour créer des situations d’action authentiques, adaptées à nos classes.
Et là, l’IA peut être une alliée précieuse, à condition qu’on la maintienne à sa juste place.
Des usages concrets et actionnels de l’IA en FLE, notamment avec des enfants du primaire
Voici quelques idées où les enfants agissent dans la langue, dans des situations proches de leur univers :
- Créer une saynète [2] ou une petite mise en scène
Tu demandes à l’IA un court dialogue entre deux enfants dans la cour de récréation ou entre un enfant et un chien qui parle (hi hi !).
Les élèves jouent, répètent, improvisent, prennent la parole en interaction.
- Organiser un jeu « de la marchande »
Tu veux travailler les nombres, les aliments ou les jouets ? Tu demandes à l’IA de générer des petites fiches de produits, avec images et prix.
Les élèves jouent à acheter et vendre, posent des questions, négocient, agissent avec un but.
- Envoyer une carte postale à un correspondant imaginaire
L’IA te génère une image de lieu, et les élèves écrivent ou enregistrent un petit message : « Bonjour ! Je suis à la montagne… »
Ils choisissent ce qu’ils veulent dire, écrivent ou parlent à la place de quelqu’un.
- Suivre une chasse au trésor linguistique
Tu crées avec l’aide de l’IA une série d’indices simples et de consignes en français, à cacher dans la cour ou la salle.
Les élèves lisent, comprennent, coopèrent, suivent une tâche avec une finalité concrète.
- Créer une affiche collective pour une activité de classe
Tu demandes à l’IA de proposer un exemple d’affiche pour « notre fête de la francophonie » ou « l’exposition des animaux ».
Les enfants produisent un support réel, pour une communication sociale.
L’IA ne voit pas ce que nous voyons
– L’IA ne perçoit pas l’hésitation d’un élève qui veut parler mais n’ose pas.
– Elle ne remarque pas les regards complices quand un groupe d’enfants se met à coopérer sans y être forcé.
– Elle ne sait pas ajuster le rythme, reformuler avec douceur, relancer avec un clin d’œil qui soit perceptible par un enfant du primaire.
Toi, tu sais faire tout ça.
Ce que nous devons garder au centre : la tâche et l’intention
L’IA ne doit jamais devenir une béquille ou une distraction. Elle peut être un outil de conception rapide, un générateur d’idées, un assistant au service de nos objectifs pédagogiques.
Mais les objectifs doivent rester les nôtres :
– faire agir les élèves,
– leur donner une voix,
– les amener à prendre des décisions dans la langue,
– les aider à faire ensemble, dans un contexte qui a du sens.
Ce n’est pas l’IA qui fait apprendre. C’est toi !
L’intelligence artificielle n’est ni bonne ni mauvaise. C’est une ressource. Elle peut nous faire gagner du temps, nous inspirer. Mais elle ne remplacera jamais la compétence professionnelle d’un enseignant qui sait pourquoi il fait ce qu’il fait.
Utilisons-la pour mieux scénariser, mieux différencier, mieux faire vivre la langue en classe. Mais gardons l’essentiel : la langue est faite pour agir, pas pour obéir.
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[1] L’IA n’enseigne pas. Cette assertion peut paraître absolue. Elle sera toutefois illustrée dans un prochain billet.
[2] Pour les curieux : Saynette vient de l’espagnol sainete. Le « y » signale un emprunt étranger et le double « t » suit la règle du suffixe « -ette », fréquent pour désigner une petite chose ou une forme brève.
En résumé
Cet article propose des pistes concrètes pour intégrer l’IA dans l’enseignement du FLE, notamment au primaire, dans une perspective pleinement actionnelle : faire parler, faire agir, faire coopérer les élèves en français, grâce à des outils numériques bien choisis et bien encadrés.
— Résumé généré par l’IA.
2 Commentaires
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Super excellentes idées !!! 😍😍😍 Merci le prof ! 🙏🙏🥰
Bonne continuation, @Eleni 💝
Eleni Sotirakopoulou