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Le bonheur de la classe

Ce matin, j’ai trouvé sur mon mur, chez Facebook, la traduction en grec d’une citation d’un certain William Arthur Ward :

« The mediocre teacher tells. The good teacher explains. The superior teacher demonstrates. The great teacher inspires ».

Traduite par Google, cette quadruple sentence devient, en français : « L’enseignant médiocre raconte. Le bon enseignant explique. L’enseignant supérieur démontre. Le grand professeur inspire ».

On remarque que, dans la dernière assertion, le mot « enseignant », précédé de « grand », a été traduit par « professeur ». Ce ne doit pas être un effet du hasard. Et chacun de se poser la question existentielle : « Suis-je un grand professeur ? »

C’est qu’à force de se concentrer sur les caractéristiques et les particularités des publics d’apprenants auxquels nous nous adressons, nous oublions peut-être parfois d’analyser nos propres traits, de dresser notre profil d’enseignant, pour nous améliorer encore.

Nous pourrions ainsi nous concentrer sur les caractéristiques qui touchent à notre personnalité, à notre connaissance de la langue française, à nos compétences didactiques et pédagogiques, à nos comportements.

Dans un très bon livre qui vient de paraître, « Faire classe en FLE. Une approche actionnelle et pragmatique » [2], des questionnaires d’autoévaluation et des seuils d’interprétation sont justement proposés aux enseignants qui désirent mieux se connaître… et devenir meilleurs.

Aux questions qui y sont posées, j’ajouterais celles qui suivent :

1. Puis-je prononcer parfaitement ce que je demande de prononcer à mes élèves ?

Est-ce que je distingue clairement les sons |ə|, |e|, |ɛ|, |ø| (le pays / les pays, de/deux/des, mangé/mangeait), |ɔ̃|, |ɑ̃|, |œ̃|, |ɛ̃| vs |ɔn|, |ɛn|, |yn|, |in| (bon/bonne, sans nature / sa nature, un/une, italien/italienne, etc.), |y|, |u|, |i| (du/doux/dit), |s|, |z| (ils ont / ils sont), |ʃ|, |s| (caché / cassé), |ʒ|, |z| (les jeux / les œufs) ?

L’enseignant qui pense que l’audition par les élèves de documents oraux authentiques suffira à leur faire apprendre à reconnaître et à bien prononcer les sons de la langue française se trompe. Un prof de langue est aussi un expert. Et à ce titre, il doit pouvoir juger de la qualité des productions orales de ses élèves et pouvoir les corriger.

2. Est-ce que je contrôle à la fin de chaque leçon si les élèves ont développé les compétences qui constituaient l’objectif du cours ?

Cette question fait bien entendu supposer que nous avons aussi en tête les objectifs précis servis par les activités d’apprentissage que nous organisons… et que ces objectifs sont formulés dans des termes compatibles avec l’approche communicative de l’apprentissage des langues et avec la perspective (co-)actionnelle de l’usage et de l’apprentissage de ces langues.

L’enseignant doit fixer des objectifs bien clairs pour une seconde raison aussi : parfois, dans les manuels d’apprentissage des langues, des activités ne servent pas ou servent mal les objectifs annoncés. Le professeur pourrait alors modifier, détourner, compléter, voire remplacer ces activités et rendre ainsi son cours beaucoup plus efficace.

3. Ai-je fait partager un enthousiasme pour la découverte de la langue française et des cultures francophones ?

Cette découverte ne doit pas nécessairement constituer un objectif en soi, mais elle peut constituer un instrument qui conduit à l’assouvissement des besoins sociaux ressentis, à la réalisation d’ambitions académiques ou professionnelles, par exemple. Tant qu’à faire, cette découverte ne doit-elle pas se dérouler dans un climat de joie partagée ?

C’est pour cela que l’on peut préférer l’organisation d’activités ludiques avec les plus jeunes, de projets socioculturels (animations, échanges, mobilité, réseaux sociaux) avec les adolescents, de collaborations véritables entre les jeunes adultes.

Mais revenons à la citation de Ward :

« L’enseignant médiocre raconte ».

Pourquoi ne pas simplement raconter ? Parce que raconter, c’est seulement transmettre. Et qu’à la différence des connaissances, les compétences ne se transmettent pas. Elles se développent, s’acquièrent, dans et par l’action.

« Le bon enseignant explique. L’enseignant supérieur démontre ».

Les élèves comprennent le pourquoi des choses. Mais sont-ils ensuite capables de découvrir seuls le pourquoi d’autres choses ? Ont-ils appris à apprendre ?

« Le grand professeur inspire ».

Il rend curieux, il fait naître la motivation, il éveille une vocation. Il partage une passion. Il est heureux…

__________

[1Jean-Pierre Robert, Évelyne Rosen, Claus Reinhardt, 2001. Faire classe en FLE - Une approche actionnelle et pragmatique. Hachette, ISBN 2 01 155739, 192 p.

[2Jean-Pierre Robert, Évelyne Rosen, Claus Reinhardt, 2001. Faire classe en FLE - Une approche actionnelle et pragmatique. Hachette, ISBN 2 01 155739, 192 p.


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